Questions & réponses
LE DON DE PARLER EN DIVERSES LANGUES
1. Un don du Saint-Esprit
- Il est mentionné dans la liste des dons spirituels (1Cor. 12 :10)
- Il apparaît 3 fois dans le livre des Actes (2 : 1-11; 10 :46; 19 : 6) et est mentionné dans la première épitre de Paul aux Corinthiens (Chap. 12, 13 et14)
- C’est l’un des dons que le Seigneur a faits pour l’édification de l’Église. Il n’est pas à négliger et a joué un rôle important au 1er siècle dans le développement de l’Église.
2. Un signe de l’évangélisation des païens
- Le texte fondamental pour comprendre le don des langues est Actes 2. C’est le seul qui décrive vraiment le phénomène. D’après ce texte, les apôtres annoncent « les merveilles de Dieu » dans des langues étrangères (voir liste des langues aux versets 8-11). Il s’agit de langues connues, compréhensibles et comprises!
- Notons que le don des langues est le premier don de l’Esprit répandu sur l’Église. Ce n’est certainement pas par hasard... Jésus a annoncé à ses disciples, peu de temps auparavant, qu’ils porteraient la Bonne Nouvelle jusqu’aux extrémités de la terre (Actes 1.8).
- Le don des langues annonce que Dieu veut faire exploser les barrières, faire sortir les premiers disciples de leur conception d’un Évangile réservé au peuple juif, susciter une vision universelle. C’est sans aucun doute pour cela que le don des langues est le premier à s’être manifesté, au jour de la Pentecôte, à des hommes et des femmes qui étaient tous des Juifs, venant de différentes régions du monde pour un pèlerinage à Jérusalem.
- Le don des langues a été la possibilité surnaturelle de communiquer avec ces gens dans leur langue maternelle (facilité de communication, pénétration du message), mais surtout un signe pour eux de l’universalité de l’Évangile. À l’époque, pour les Juifs, la langue sacrée, celle des messages divins, était l’hébreu. Or, cette fois, Dieu parle toutes les langues des peuples!
Ce don initial du Saint-Esprit, manifesté par le don des langues, deviendra aussi un point de repère de l’action du Saint-Esprit, ce qui explique que dans Actes 10 et 19, la réalité de la descente du Saint-Esprit se manifeste par le même don que celui de la Pentecôte. Pour bien montrer que l’expérience de l’effusion de l’Esprit est offerte à tous, le phénomène du don des langues se répète à certains moments cruciaux.
3. Un don utile dans l’évangélisation
Paul lui-même dira « Je parle en langues plus que vous tous » (1 Cor. 14 : 18), et effectivement dans son action d’évangéliste à travers le monde roman de l’époque, il a dû en avoir bien besoin.
- On peut penser que des expériences comme celles d’Actes 2 se sont reproduites au 1er siècle, et que Dieu a donné à des évangélistes la capacité de parler des langues qu’ils ne connaissaient pas.
- Quelques expériences modernes de ce don sont également connues (voir par exemple Gottfried OOSTERWAL dans « L’île des hommes oubliés », le livre de Ralph SHALLIS : « Le don de parler diverses langues » ou l’histoire de Griffith JONES, missionnaire adventiste dans les mers du sud, rapportée entre autres par Morris VENDEN : «Your Friend, the Holy Spirit»).
4. Pourquoi aujourd’hui ce don est-il quasiment inexistant?
- Peut-être parce qu’avec la diffusion de méthodes permettant d’apprendre les langues, nous en avions moins besoin.
- Peut-être aussi parce que nous l’avons largement méconnu et surtout tordu.
5. Réflexion sur le don dit de «glossolalie» (de type pentecôtiste ou charismatique)
- Il s’agit d’un parler en « langues extatiques », c’est-à-dire incompréhensibles, censées être des langues des anges, des langues du ciel; plus rarement, il s’agit de langues existantes.
- Cette expérience est considérée comme le signe du « baptême de l’Esprit » àdistinguer du baptême d’eau. Il donnerait au chrétien une nouvelle puissance spirituelle.
- Il s’agit d’une pratique de prière par l’Esprit, en langues, ou encore de chant en langues, voire de prophétie en langues. Ceux qui pratiquent le parler en langues le décrivent en quelque sorte comme une forme de super-prière ou de super-louange adressée à Dieu. Ils disent ressentir un grand bien-être, lors de cette expérience! Dans certains milieux (pentecôtistes surtout), on pratique cet exercice spirituel en groupe, lors des rencontres de l’assemblée, tandis que dans d’autres milieux, en se référant à 1 Corinthiens 14, on préfère le faire personnellement chez soi et non pas dans l’assemblée.
- De toute façon que ce soit en public ou en privé, pour beaucoup de chrétiens, le « parler en langues » est la marque d’un véritable renouvellement par l’Esprit-Saint.
Cette pratique pose un certain nombre de problèmes, au regard de l’enseignement du Nouveau Testament :
- Elle va à l’encontre de la description la plus claire de ce qu’est le don des langues (en Actes 2) où il s’agit de langues existantes, avec d’un but de témoignage et non de prière personnelle.
- Le seul texte qui pourrait sembler accréditer la thèse de la glossolalie est 1 Corinthiens 14. Or, ce texte est globalement négatif par rapport à un parler en langues généralisé tel qu’il se pratiquait à Corinthe (où, il faut le rappeler il existait un parler en langues païens, de type extatique, pratiqué dans les cultes à mystère...).
À ce sujet, il faut rappeler que :
a) Paul écrit d’Ephèse et ne sait donc pas exactement ce qui se passe à Corinthe. Il ne peut condamner en bloc le parler en langues, car il sait qu’il existe un don des langues authentique, venant de Dieu. Mais il sait aussi qu’il en existe une contrefaçon, et c’est pourquoi il donne des règles précises.
b) On peut très bien comprendre le texte de 1 Corinthiens 14 sans présupposer que l’apôtre parle de langues extatiques. Si l’on comprend qu’un parler en langues étrangères dans une assemblée où il n’y a pas d’étranger est inutile, le texte est également clair et compréhensible.
3. Dans cette hypothèse, le parler en langues est un signe du baptême du Saint- Esprit et est par conséquent destiné à tous, puisque Dieu désire que tous soient baptisés et remplis de son Esprit.
Or,
a) on trouve des récits de conversion, de baptême et de réception de l’Esprit dans le livre des Actes où il n’y a aucune mention du parler en langues (voir Actes 2 : 41; 8 : 38-40; 9 : 17-18; 16 : 15)
b) Paul dit clairement que le don des langues n’est pas attribué à tous mais seulement à ceux que l’Esprit a choisi pour ce ministère (1 Cor. 12 : 7-11 ; 28-30). Le don des langues est un don parmi d’autres, que Dieu confie à des hommes et à des femmes qu’il choisit.
4. Par définition, un don spirituel n’est pas destiné à la personne qui le reçoit mais à l’utilité commune. C’est l’enseignement de tout 1 Corinthiens 12.
Par exemple, la prière personnelle n’est pas un don spirituel. Elle est une composante essentielle de la vie du chrétien, mais pas un don spirituel, en ce sens qu’elle concerne surtout ma relation personnelle avec Dieu (tout comme la méditation de la Parole de Dieu, par exemple). Si le don des langues est une « super-prière », on comprend mal en quoi il est un don spirituel pour l’utilité commune.
5. La glossolalie serait un don spirituel essentiellement important pour l’Église, dans sa prière ou son adoration. Or, l’apôtre Paul dit clairement que « les langues sont un signe pour les incroyants » (1 Corinthiens 14 : 22).
Comme dans Actes 2, il est donc question d’un don, non pas tourné essentiellement vers l’Église, mais vers le monde, pour l’évangélisation.
6. S’il restait un ultime argument contre la glossolalie « super-prière » par l’Esprit, c’est le fait que nous n’avons aucune mention de Jésus-Christ la pratiquant.
Si c’était le signe du baptême de l’Esprit, Jésus aurait dû parler en langues au moment où la colombe descendit sur lui. Si c’était un moyen privilégié de contact avec Dieu, il aurait dû le pratiquer, lui, notre modèle.
MAIS IL NE L’A PAS FAIT!
Pourquoi?
Parce que la prière toute simple, dans sa langue, était la vraie source de communion avec son Père (Dieu est un Dieu qui parle de manière compréhensible).
Parce que le vrai don des langues d’Actes 2 était réservé à ses disciples qui devaient évangéliser le monde, alors que lui, le Christ était venu pour « les brebis perdues d’Israël ».
Voilà pourquoi Jésus-Christ avait tous les dons spirituels énumérés en 1 Corinthiens 12 et ailleurs, sauf celui des langues.
Rémy Ballais