Questions & réponses
Les fêtes de l'Ancien Testament
« À part le Sabbat et la Pâque, est-ce que votre congrégation célèbre les autres fêtes de l'Éternel : la fête des pains sans levain, la gerbe des prémices, la Pentecôte, la fête des trompettes, la fête des Tabernacles. J'aimerais savoir si vous donnez de l'importance aux ''Jours solennels'' demandés par l'Éternel, car d'après mes lectures, on doit attacher leur application à la vie chrétienne sous l'angle spirituel bien sûr. »
Cette question sous-entend une réflexion importante. Elle était à l’agenda du premier concile de Jérusalem rapporté dans Actes 15. Les nouveaux convertis provenant du paganisme devaient-ils ou non se soumettre aux préceptes du judaïsme ?
Les Juifs disaient aux païens : “Si vous n’êtes pas circoncis selon le rite de Moïse, vous ne pouvez être sauvés” (Actes 15.1). L’expression “circoncision” telle qu’utilisée là sous-entend toutes les pratiques religieuses d’Israël: le service sacrificiel avec ses différents rituels et fêtes. Cela apparait clairement par l’examen des autres remarques faites par les Juifs devenus chrétiens: “il fallait circoncire les païens et exiger l’observation de la loi de Moïse” (Actes 15.5).
Dieu dans l’Ancien Testament avait donné de nombreux commandements et ordonnances. Les plus connus sont les dix commandements ainsi que des ordonnances cérémonielles liées à la vie de tous les jours. Parmi celles-ci il y a bien sûr les fêtes cérémonielles.
Le sabbat fait partie des 10 commandements et puisque vous ne posez pas question à son sujet, examinons les autres institutions.
Pâques juive
Comme vous le savez, la Pâques juive avait à ses origines pour but de célébrer la sortie d’Égypte et la fin de l’esclavage littéral du peuple d’Israël. L’église, nouvel Israël célèbre sa sortie de l’esclavage du péché en fêtant cette délivrance par sa participation à la cérémonie de la Ste-Cène, communion au pain et au jus de raisin. La traversée de la Mer Rouge est un type, une image du baptême qui libère de la tyrannie du péché. Il y a un avant et un après.
En ce qui concerne la Pâques juive, Jésus a donné une nouvelle signification à cette fête en introduisant dans la chambre haute, la cérémonie de la Cène avec les apôtres. De la Pâque Juive on est passé à la Pâque chrétienne. L’apôtre Paul écrira, « Christ notre Pâques a été immolé » (1 Corinthiens 5.7).
Dans l’épître de Paul aux Colossiens l’apôtre écrit à des croyants qui sont confrontés avec des croyants qui insistent sur l’observation de préceptes; fêtes, nouvelles lunes, etc. Paul explique que toutes ces choses étaient les ombres des choses à venir. Il parlait entre autre des cérémonies de l’A.T. annonçant la venue de Jésus et sa mort sur la croix, sa résurrection etc. Il conclut : « Mais le corps est en Christ » (Colossiens 2.17). Tout est résumé en Christ. Le cœur ou l’aboutissement c’est Jésus.
Certains diront : « Les fêtes de l’A.T. sont présentées comme perpétuelles ». Quand est-il pour nous ? Serais-ce dire dès lors qu’après la mort de Jésus elles doivent encore être célébrées? Tous sont d’accord pour dire que les sacrifices sanglants étaient valables jusqu’au jour où Christ est mort sur la croix. Il était l’accomplissement de ceux-ci. L’épître du Paul aux Hébreux parle d’un temps de réformation (Hébreux 9.9-10). Poser la question c’est y répondre.
Une des raisons majeures pour lesquelles les chrétiens pensent parfois que les fêtes typiques du temple devraient être observées en permanence dans la religion chrétienne consiste dans le fait qu’Israël fut instruit à les garder “perpétuellement”. Voir par exemple Exode 12.14, 17.
Dans la mentalité occidentale, l’expression “perpétuellement” veut dire “à toujours”. Cependant, telle n’est pas la signification de la pensée orientale lors de l’emploi des mots hébreux ou grecs soit (`ôlam ou aion/aionios). Si ces expressions peuvent être traduites par “perpétuellement” ou “éternellement”, les deux mots en hébreux ou en grec sont à comprendre en rapport avec la nature de l’objet concerné.
Par exemple, si nous disons, “Dieu vit éternellement” (en hébreux ou en grec), cela signifie “sans fin” parce que la divinité est immortelle et éternelle. Si par contre nous disons “Roi Darius, vis éternellement” (Daniel 6.6), cela veut simplement dire “vis une longue vie”. Cela ne voudrait pas dire éternellement car l’homme est mortel et sujet à la mort (Job 4.17). Un autre exemple est celui de Samuel, voir 2 Samuel 7.16, 19. Bien que Dieu promette à David une dynastie qui durerait “à toujours”, David a bien compris que la promesse voulait dire “pour une longue période de temps”. Elle finit sous le règne de Sédécias en 586 av. J.C……
Les fêtes étaient reliées avec des sacrifices sanglants préfigurant la mort de Jésus comme Agneau de Dieu. Christ en mourant sur la croix ayant donc mis fin à tous ces sacrifices sanglants, le fondement littéral de chacune de ses fêtes est donc remis en question aussi.
Les autres fêtes
Vous dites qu’il faut vivre ces fêtes dans le sens spirituel. Voici la manière spirituelle de les considérer. Je vous invite à examiner les points suivants :
En rapport avec la fête des pains sans levain, Paul dit aussi que nous devons nous débarrasser du levain des pharisiens. (1 Corinthiens 5.6-8) Nous sommes chaque jour appelés à faire ce que le peuple d’Israël ne faisait qu’une fois par année littéralement en faisant le ménage dans les cuisines etc. Tous les jours, nous ne ferons pas le ménage dans notre cuisine, mais tous les jours, nous offrirons nos corps en sacrifice vivant pour que l’Éternel les purifie. Il faut dépasser la lettre et vivre dans l’esprit.
En ce qui concerne la fête des prémices et la gerbe des prémices, c’est aussi en Christ que se trouve résumée cette fête. Christ est les prémices de ceux qui sont morts. (1 Corinthiens 15.20). Christ a pris avec lui sur les nuées du ciel des prémices; des hommes en quittant la terre après sa résurrection. (Matthieu 25.51-53, Éphésiens 4.8) Christ est la garantie d’une moisson spirituelle de grande envergure. Lorsque nous acceptons Jésus nous faisons partie de la moisson spirituelle annoncée par la fête des prémices de l’A.T. qui annonçait la moisson littérale lors des récoltes complètes.
La fête de la Pentecôte dans l’A.T. avait aussi pour but de célébrer la remise des 10 commandements sur le Mont Sinaï (50 jours après la sortie d’Égypte). Maintenant en recevant le don du Saint-Esprit, nous célébrons notre volonté de recevoir la volonté de Dieu qui s’inscrira dans notre cœur chaque jour par le Saint-Esprit. C’est la nouvelle alliance décrite dans Jérémie 31.31 et Hébreux 8.6-13. Le prophète Joël et Pierre dans les Actes nous parlent d’un temps de rafraîchissement ou Dieu déversera sur son peuple le Saint-Esprit en abondance. (Actes 2.17, 39) D’une journée spéciale on passe à une attitude constante de célébration et d’obéissance.
En ce qui concerne la fête des trompettes qui précédaient le Yom Kippur aussi appelé Grand jour du jugement ou encore des expiations, celle-ci représente pour nous l’annonce avec puissance du Jugement dernier qui s’en vient. L’église chrétienne doit avertir le monde, tous les jours jusqu’au retour de Jésus-Christ qu’en Jésus-Christ nous avons un Sauveur et aussi un avocat auprès du Père.
De même que dans l’A.T. ceux qui avaient confessé leurs péchés et s’étaient préparés pour ce grand jour, aujourd’hui, nous avons en Christ au jour du jugement aucune crainte à avoir. Nous « sonnons de la trompette » en annonçant l’Évangile et en préparant ainsi le monde à faire face au jugement final. La fête des trompettes était donc un type, une illustration se répétant tous les ans à travers l’histoire du peuple d’Israël d’antan de l’aboutissement du plan du salut qui doit être annoncé tous les jours par la proclamation du message présent dans le livre de l’Apocalypse au chapitre 14.7: « Craignez Dieu et donnez-lui gloire, car l’heure de son jugement est venue ».
La fête des tabernacles ou fête des tentes, dernière de la série avait elle pour but de rappeler au peuple d’Israël qu’il avait passé 40 ans dans le désert sous tente. (Deutéronome 16.13). C’était aussi après la dernière fête de l’année; Yom Kippur l’occasion de célébrer pendant une semaine un nouveau commencement, une nouvelle année liturgique sous les tentes.
Dans le cadre du plan du salut, cette fête représente une autre illustration d’un moment futur, d’un temps spécial de réjouissance extraordinaire où nous serons tous ensembles avec le Seigneur. Il se trouve dans l’avenir. Pour Israël, il s’agissait de célébrer un temps parlant du passé, pour nous, c’est par la foi que nous nous réjouissons de pouvoir bientôt le célébrer dans le futur avec les élus en la présence de Dieu.
C’est après la proclamation des résultats du jugement (Matthieu 25.31-44) et l’accomplissement final des promesses de Jésus (Jean 14.1-3) que le peuple de Dieu célébrera pour l’éternité la fête des tabernacles dans le ciel. Dans l’A.T. Dieu habitait avec son peuple au travers de la shekinah glorieuse. Jésus lors de son incarnation était « Emmanuel, Dieu avec nous ». Dans l’avenir Dieu habitera littéralement avec son peuple pour toujours. (Apocalypse 21.3) Ce sera une fête qui durera plus que 7 jours.
Ainsi donc, en conclusion, dans un sens littéral, selon un calendrier annuel, nous ne célébrons pas ponctuellement les fêtes de l’Ancien Testament. Cependant, dans l’esprit, chaque jour devient l’occasion de vivre une expérience de foi centrée sur Jésus et ses promesses.
Roland Geiser, pasteur collaborateur pour Il Est Écrit