Questions & réponses

La forme de la croix

 

Certaines dénominations chrétiennes prennent le texte de 1 Pierre 2:24 pour soutenir l’idée que Jésus a été cloué sur un bois (un poteau) et non sur une croix : Lui qui a porté lui-même nos péchés en son corps sur le bois, afin que morts aux péchés nous vivions pour la justice ; lui par les meurtrissures duquel vous avez été guéris.

Dans ce verset, le mot “bois” est la traduction du mot grec xulon. Ce mot parle plus du matériau, le bois, avec lequel la croix était fabriquée que de sa forme. Bien sûr, la croix du Christ était faite de bois.

Ce mot est utilisé une deuxième fois dans Actes 13:29 pour désigner la croix.

La plupart des versions françaises de la Bible traduisent par “croix” le mot grec stauros, qui se trouve dans 32 versets des quatre évangiles (les quatre premiers livres du Nouveau Testament). La grande majorité des commentateurs pensent que stauros se réfère dans ces passages à une croix à deux dimensions.

 

LES DIFFÉRENTES FORMES DE CROIX

Sénèque le Jeune, écrivain et philosophe contemporain de Jésus, décrit ainsi le supplice de la croix :

« J’aperçois des croix au loin, mais elles n’ont pas toutes la même forme, sur certaines, les victimes ont la tête en bas, d’autres ont leurs parties intimes empalées ; d’autres suppliciés ont leurs bras étendus sur la pièce formant la croix. »

Comme l’exprime bien Sénèque, chez les Romains l’instrument de torture qu’on utilisait pour mettre à mort les condamnés, et qui correspond au mot grec stauros, n’avait pas toujours la même forme. Divers récits et rapports historiques de l’époque romaine nous permettent de dire qu’on «crucifiait» aussi bien sur de simples poteaux (avec les mains liées ou clouées au-dessus de la tête) que sur des croix avec une pièce transversale. Celle-ci pouvait être placée soit tout en haut, en forme de T (crux commissa en latin), soit légèrement plus bas, comme dans les représentations classiques (crux immissa).

Les Romains ne sont pas les inventeurs de la croix à deux dimensions. Elle semble remonter aux anciens Perses. Voici l’explication du dictionnaire Vine: « La forme de la croix (deux poutres croisées) tire son origine de l’ancienne Chaldée. Elle était utilisée comme symbole du dieu Tammuz, dans ce pays et dans les contrées adjacentes, incluant l’Egypte. En effet, elle avait la forme du Tau mystique, la lettre initiale de son nom (Tau est une lettre de l’alphabet grec).»

Après les Perses, les Grecs puis les Romains ont fait du supplice de la croix un sort infamant, réservé à ceux qu’on voulait mettre à mort et déshonorer publiquement, des esclaves révoltés, des criminels, des émeutiers, etc.

En ce qui concerne le Christ, la Bible ne donne aucune description spécifique du mot stauros sur lequel il est mort. Si la forme avait été importante, les auteurs des Évangiles nous en auraient sans aucun doute donné la description, mais aucun d’eux ne l’a fait.

 

PROBABLEMENT UNE CROIX À BARRE TRANSVERSALE

Sans en faire une doctrine, puisque l’important est ailleurs, on a des raisons de penser que la croix sur laquelle Jésus est mort comportait une barre transversale (le patibulum romain). En effet, l’évangile selon Jean nous parle de «Jésus portant lui-même sa croix» (Jean 19 :17). Et les évangiles synoptiques précisent que face à la faiblesse du Christ, on contraignit un certain Simon de Cyrène à porter la croix (Matthieu 27 :32).

Comme l’explique le Dictionnaire encyclopédique de la Bible (Maredsous, 1987) : «Une barre transversale (en latin patibulum) était portée par le condamné à mort jusqu’au lieu du supplice et fixée au poteau primitif…» C’est cette barre transversale qui était portée par les condamnés, le poteau principal étant généralement trop lourd pour être porté par un seul homme.

Par ailleurs, contrairement à l’affirmation de certains qui prétendent que les premières représentations d’une croix chrétienne avec une barre transversale datent du 3e ou 4e siècle après J.-C., des vestiges archéologiques très anciens montrent que les chrétiens représentaient la croix du Christ de cette manière. La découverte la plus connue est sans doute celle faite dans les ruines de la ville italienne d’Herculanum. Cette ville a été détruite lors de l’éruption du volcan Vésuve, en l’an 79 de notre ère. Or, on y a trouvé dans une grande maison de la ville une sorte de prie-Dieu ou petit autel de prière, visiblement chrétien, avec une croix portant une barre transversale. Elle ne peut pas être postérieure à l’an 79.

 

LA FORME DE LA CROIX N’A GUÈRE D’IMPORTANCE, LA MORT DE JÉSUS POUR L’HUMANITÉ EST CE QUI COMPTE.

En conclusion, il faut dire que la discussion sur la forme de la croix n’a rien à voir avec notre salut et risque simplement de nous entraîner vers des «disputes de mots, qui ne servent qu’à la ruine de ceux qui écoutent» (2 Timothée 2 :14). N’en faisons pas un objet de discorde. Que cet instrument de supplice ait une ou deux dimensions, l’important c’est de nous souvenir que Jésus y a souffert et y est mort pour notre salut.

Sénèque le Jeune, encore lui, décrivant l’horreur de la crucifixion, déclara qu’il serait préférable de se suicider plutôt que d’endurer une telle torture. « Qui choisirait d’agoniser dans de telles souffrances, de laisser sa vie le quitter peu à peu, plutôt que d’expirer d’un seul coup ? Aucun homme ne choisirait d’être attaché à l’arbre maudit, agonisant lentement, le corps déformé, boursouflé d’affreuses marques aux épaules et à la poitrine, cherchant à chaque instant son souffle. »

Oui, si Jésus est allé jusque-là pour nous, c’est qu’il nous aimait plus que tout ! Reconnaissant l’importance du sacrifice que Jésus a réalisé pour lui sur la croix, l’apôtre Paul déclare dans Galates 6:14 : Pour ce qui me concerne, loin de moi la pensée de me glorifier d’autre chose que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde ! Nous aussi, remercions le Seigneur pour le grand amour dont Jésus a fait preuve sur la croix, pour nous affranchir de l’esclavage du péché et nous introduire dans le rang de fils et filles de Dieu, héritiers de la vie éternelle. Restons fermes dans la foi jusqu’à son retour. Alors nous comprendrons pleinement tout ce que nous saisissons aujourd’hui de manière limitée, y compris la forme de la croix.